Le sport est-il un succès à la radio ? Si la
thématique fonctionne très bien avec RMC qui en a fait sa force depuis 2002,
il existe cependant très peu, voire pas de radios 100% sport en France. Il y
a Tonic Radio à Lyon (qui est essentiellement musicale), et à Paris il y eut le
99.9. Difficile de donner le nom d'une radio, puisqu'il n'arrêtait pas de
changer.
En
effet, cette fréquence aura connu de nombreux changements et propriétaires. Il y
eut d'abord la période CVS, radio locale de Versailles de 1981 à 1990, puis
O'FM, la radio des Hauts-de-Seine (qui avaient pour première fréquence le 92.1,
puis le 99.9 dès septembre 1992) . C'est à partir de 1998 qu'O'FM se
reconvertit en radio thématique en devenant Sport O'FM, dédiée, comme son nom l'indique, au
sport, avec information sportive en temps réel et chroniques, le tout entrecoupé
de musique, avec quelques retransmissions de matchs. Sport O'FM, qui diffusait
en parallèle sur CanalSatellite, espérait pouvoir se développer au delà de
Paris. Mais le CSA lui avait refusé une demande de syndication de ses programmes
sur d'autres radios en France. Après avoir rencontré des difficultés au bout de
quelques années, elle est revendue à Patrick Chêne (propriétaire alors du
site Sporever.fr) qui doit partager le capital avec le groupe Contact en 2003
sur décision du CSA. Totalement rénovée, elle enlève
le "O" (comme elle l'annonçait à l'antenne) et devient Sport FM.
La formule de Sport FM était dans la continuité de Sport O'FM :
de l'info sport en continu accompagné de musique pop-rock, avec la volonté de
cibler un public plus large et plus féminin en montrant le sport sous l'angle du
loisir. 3 rendez-vous
phares étaient proposés : une matinale info et interactive ("Morning Sport"), "Tout
foot" de 12h à 14h et "Chêne privé, Chêne public" avec Patrick Chêne de 18h à
20h. A cela s'ajoutait la
retransmission des matchs du PSG.
Mais en avril 2005, Sporever se
désengage de Sport FM et laisse Contact en devenir propriétaire à 100%, tout
en restant basée à Saint-Cloud, dans les locaux de Sporever. Les
anciennes émissions disparaissent et s'en
suit un nouveau virage : des émissions au ton plus jeune et dynamiques avec un
format musical 100% électro/house dans la lignée de Contact FM. Dans la grille,
des soirées "Plateau télé" sont mises en place les soirs de matchs où les
auditeurs commentaient eux-mêmes le match en direct. Les audiences montent :
Sport FM atteint les 1% d'audience cumulée sur la vague septembre-décembre 2005,
et monte à 1,2% sur la vague avril-juin 2006.
Un peu plus
tard, en février 2007, l'électro se renforce sur l'antenne avec un changement
de nom pour Sport MX. Avec ce nouveau format, elle vise les 17-30 ans.
Mais
les résultats, sur la fin, ne sont pas très positifs : Sport MX peine à atteindre les 1%, et la radio
est déficitaire (les pertes s'élevaient à environ 1
million d'euros en 2006). Le fait de n'avoir qu'une seule fréquence parisienne
ne devait pas aider financièrement à construire une radio sport ambitieuse avec
une rédaction. Ainsi, le groupe Contact a annoncé vouloir se
désengager de la station sportive parisienne qu'elle avait reprise en 2003. Une
aubaine pour Lagardère, qui rachète Sport MX afin de lancer sa propre radio 100%
sport. En effet, Europe 1 était à cette époque la dernière grande
périphérique à ne pas avoir sa propre radio sport, RTL ayant lancé RTL-L'Equipe
quelques mois auparavant, et RMC étant déjà très investie sur cette thématique.
Le
25 février 2008, le groupe Contact finalise la cession de Sport MX, et le CSA
autorise Lagardère à rebaptiser Sport MX en Europe 1 Sport.
SON - Dernières minutes de "La Tribu", teaser Europe 1 Sport et dernier speak sur Sport MX (30/05/2008 - archive personnelle)
Peu d'infos circulaient sur la future Europe 1 Sport, jusqu'au démarrage de
Roland Garros ; Jean-Pierre Elkabbach (alors président d'Europe 1) avait
organisé fin mai 2008 une conférence de presse à l'espace Lagardère au Village
Rolland Garros pour dévoiler la nouvelle station.
Europe 1 Sport se voulait indépendante et s'appuyait sur sa proximité avec
Europe 1 pour proposer un programme propre.
Elle espérait aussi pouvoir se développer en national avec la radio numérique
terrestre. Chose qui aurait pu arriver, le CSA ayant autorisé la station en 2009
pour une diffusion à Paris, Nice et Marseille. Seulement, cette RNT là n'avait
jamais vu le jour...
Le 2 juin 2008, c'est parti. Après une fin discrète pour Sport MX, Europe 1
Sport prend l'antenne à 5h56.
L'équipe des premiers mois d'Europe 1 Sport était composée de quelques anciens
membres de Sport MX (comme Céline Da Costa), de grands noms du sport et de la
radio (comme Max, Bob, Pierre Fulla). La musique était toujours présente, mais
la nuit seulement.
Mais au bout de quelques mois, la direction d'Europe 1 a changée, Jean-Pierre
Elkabbach ayant laissé sa place à Alexandre Bompard. Et cette nouvelle direction
décide de revoir le contenu d'Europe 1 Sport et d'en réduire la voilure.
En janvier 2009, la station ne propose plus que de l'info sport en continu avec
de la musique, excepté le matin, et quasiment tous les animateurs sont
remerciés. Avec ce nouveau format, elle entend jouer la carte de la
complémentarité avec Europe 1 qui s'était alors recentrée davantage sur le sport
les soirs et le week-end cette saison 2009-2010.
Cette formule moins coûteuse marquait-elle un désintérêt pour Europe 1 Sport ?
Sachant que la radio numérique promise ne faisait que tarder pour, au final, ne
jamais arriver, Lagardère décidera finalement de jeter l'éponge. Le 31 août
2010, Europe 1 Sport cesse définitivement ses programmes, et sa disparition
du 99.9 parisien marque la fin de 12 ans d'une radio sportive, qui n'a cessée de
changer de propriétaire, de nom, d'identité, d'équipe et de programmes. Fin
qui sera bien confirmée par la sélection de Sud Radio par le CSA, qui a
récupérée cette fréquence et qui y émettra à partir du 10 août 2011, presque un
an plus tard.
Sa
rivale RTL, de son côté, avait conservé RTL-L'Équipe,
sa radio sport et info conçue avec le quotidien L'Équipe en 2007 sur internet,
et qui était également autorisée sur la RNT première version. Mais pour les
mêmes raisons, la grille sera allégée au cours de l'année 2010-2011, pour
ensuite fermer la radio. Ces radios auraient pu trouver un nouveau souffle
aujourd'hui sur l'actuel DAB+, les réseaux nationaux y étant diffusés depuis fin
2021. Mais l'aventure aura été envisagée, peut-être, trop précipitamment, la
radio numérique ayant connue en France, comme en athlétisme, des faux départs...
Depuis, il n'y a plus eu de radios 100% sport sur les ondes en France, mis à
part la chaîne Sport En France(groupe Reworld Media / Media 365) qui avait candidaté en 2020 pour le
projet d'une déclinaison radio pour le DAB+ métropolitain et qui avait été
soutenue par le CNOSF (Comité National Olympique et Sportif Français), mais qui
n'avait pas été retenue.