Dans un
premier temps, 19 grandes agglomérations seront concernées par la radio
numérique :
En vert : les
premières villes équipées
En
jaune : les secondes
La
population de ces villes regroupe pratiquement 1 français sur 3. Dans un
deuxième temps, 14 autres zones s’ajouteront à la carte. Une première couverture
insuffisante pour beaucoup de spécialistes, d’autant que ces régions bénéficient
déjà d’une très bonne couverture en FM, d’une excellente qualité de son et un
nombre de radios conséquentes. A l’avenir, la quasi-totalité du territoire sera
couverte par le numérique. Des régions jusqu’ici isolées capteront plus de
radios, mais dans les communes les plus isolées, il faudra être patient.
Jérôme
Hirigoyen, directeur de projet Radio Numérique à TDF :
Pourquoi
ce début limité de la radio numérique ?
La radio
numérique est dépendante de l’arrêt de la télévision analogique. Tant que Canal
+ n’aura pas libéré ces fréquences, la radio ne pourra pas les utiliser. Elle
peut démarrer dans des espaces déjà disponibles.
A quoi ressemble une antenne
de radio numérique ?
Elle ressemble à une antenne
FM, même si elle est différente. C’est bien une antenne branchée sur un pylône
avec un émetteur Par exemple il y aura deux types d’antenne en haut de la Tour
Eiffel.
Avec une antenne de radio
numérique on capte aussi loin qu’avec une antenne FM ?
Elles couvrent un peu moins
de surface. C’est lié à la fréquence utilisée, qui est plus forte que la FM.
Plus une fréquence est élevée, plus la couverture est limitée. Si on veut une
couverture équivalente il faudra donc plus d’émetteurs ou alors qu’ils soient
plus puissants.
Vous avez déjà testé le
dispositif ?
Oui, il y a aujourd’hui des
tests sur Paris avec une trentaine de radios diffusées. D’autres tests sont
menés à Lyon avec une vingtaine de radios. Pour l’instant, ce sont uniquement
des radios autorisées en analogique. Des tests ont également été menés l’an
dernier avec une trentaine de webradios. »
Aujourd’hui, les personnes
qui disposent d’un récepteur numérique peuvent écouter les programmes de test à
Paris par exemple, mais la couverture est limitée. Impossible de capter dans les
pièces fermées notamment.
Benjamin Solins, un des
rédacteurs de l’étude du cabinet BS Conseil sur l’évolution des usages des
médias : « On
sait que ce qui fait le succès de la radio ; c’est surtout son utilisation en
voiture. Les agglomérations vont être couvertes, mais après il va y avoir tous
les déplacements inter-agglomérations, la réception sur les autoroutes... On
verra comment le CSA programme le déploiement au niveau national, sachant
qu’ensuite les radios auront rapidement envie d’abandonner la diffusion en
analogique. Ca ne pourra pas se faire tant que toute la population n’est pas
couverte. »
Si l’on compare avec les
autres pays, on peut estimer l’arrêt de l’analogique à l’horizon 2025. Une
échéance qui implique une couverture intégrale du territoire et un équipement de
tous les foyers français en récepteurs numériques. Les délais seront-ils
respectés ? Pas sûr. Les constructeurs seront contraints d’intégrer le numérique
dans leurs produits en 2013, au plus tard. En attendant, les postes vendus
pourront toujours comporter un tuner FM, même associé avec un tuner numérique.
Quand aux radios, elles vont
d’abord devoir déposer leurs candidatures auprès du CSA pour émettre en
numérique. Les autorisations seront valables 10 ans. Un premier appel a été
lancé, 377 dossiers ont été déposés pour les 19 premières villes. Pour les
autres, c’est l’inconnu.
Denis Péchon, directeur
d’antenne de Coloriage, responsable de la commission RNT à la Férarock
(regroupement de radios associatives) :
« On nous a dit à maintes reprises : ‘’le développement de la FM ne s’est pas
fait en un jour, celui de la radio numérique ne se fera pas en un jour’’. On
n’a pas le temps d’attendre 15 ans. On veut que le CSA nous précise les
conditions de déploiement du futur. Moi aujourd’hui je ne sais pas si je monte
un dossier dans 5 ans, dans 10 ans, dans 20 ans… »
Denis Péchon soulève aussi
le problème des radios qui se trouvent entre deux zones de diffusion :
« Il faut que les opérateurs
puissent se positionner rapidement et savoir sur quelles zones ils vont
candidater, si demain une radio à Bourg-en-Bresse va devenir radio lyonnaise.
Comment raccorder des stations qui ont la bonne idée d’être entre deux zones ?
C’est notre cas. D’un côté on a le bassin Plaine de Saône qui va de Dijon à
Lyon, et de l’autre côté la grande région parisienne dont on ne connaît pas bien
les limites. Des villes comme Auxerre qui sont à 50km de chez-nous (ndlr :
Coloriage est située à Montfort en Bourgogne) ont été
parasitées par les radios parisiennes, alors avec le numérique on s’attend à des
surprises ».
Des (mauvaises) surprises
qui pourraient bien être financières. Les coûts de diffusion ne seront pas les
mêmes selon les régions et ils ne seront plus payés radio par radio mais
multiplexe par multiplexe. Le multiplexe, c’est une nouveauté spécifique
à la radio numérique. Les stations seront regroupées par 9 (6 en Angleterre).
Comme dans un immeuble en copropriété, elles devront cohabiter et se partager
les coûts de diffusion. Si jamais une antenne ne peut pas payer, les autres le
feront à sa place. Actuellement, on ne sait pas qui travaillera avec qui.
Associatives, commerciales et réseaux nationaux mélangés ? Regroupement par zone
de diffusion ?
Rachid Ahrab, président du
groupe de travail sur la radio numérique au CSA :
« Est-ce que les neuf opérateurs seront de la même catégorie ou pas ? On n’en
sait rien. Nous verrons après l’appel à candidatures : ne mettons pas la charrue
avant les bœufs ! A Nantes par exemple, je sais que toutes les radios ont très
envie de se mettre ensemble ».
Que se soit les radios, les
poseurs d’antenne (TDF) ou les citoyens, tout le monde est dans le flou. Le
compte à rebours pour le lancement de la fusée Radio Numérique a commencé mais
le dispositif de mise à feu semble grippé. D’autant que les débats sont
nombreux.